25 août 2011

ABRAHAM PLEURANT SARA




Saraï, Sara

Texte inspiré par un tableau de Marc Chagall
"Abraham pleurant Sara"



Sara mourut dans le pays de Canaan,
à Qiryath-Arba, c’est-à-dire Hébron.
Abraham vint célébrer les funérailles de Sara et la pleurer[1]

Tu t’appelais Saraï...
Saraï était stérile, elle n’avait pas d’enfant[2].
C’est la première chose que l’on écrira de toi :
Mais tu étais la femme la plus belle du pays.

Je me souviens,
je cache mon visage et je pleure…

Notre longue marche dans le désert,
notre belle caravane, les oasis,
Nous quittions Our sans savoir où nous allions,
Il y a eu Harrân,
puis, le pays de Canaan,[3]
et enfin l’Egypte.[4]

Là, ta beauté m’a fait trembler.
J’ai eu peur, tu étais si belle.
Je me souviens de mes paroles :
Dis, je te prie, que tu es ma sœur.[5]
Et tu as accepté d’être prise pour la maison de Pharaon.
Nous avons été renvoyés dans le Néguev quand Pharaon a découvert la vérité.
Quelques années plus tard,
je t’ai encore fait passer pour ma soeur auprès d’Abimélek.
Ma prière a été exaucée et les femmes d’Abimélek ont été guéries de leur stérilité.[6]

Tu étais belle, mais stérile.
Alors tu m’as envoyé vers Hagar, ta servante.
Mais dès qu’elle fut enceinte, vous ne vous supportiez plus.
Tu me disais
Tu es responsable de l’injure qui m’est faite[7]
Tu avais raison,
mais Hagar m’a donné un fils, Ismaël,
qui me donnera une descendance.

Et Dieu nous a encore parlé, pour annoncer le temps de ta fécondité.
Il a changé nos noms : tu es devenue Sara et moi Abraham[8]
J’ai ri quand il m’a annoncé que tu enfanterais
Je la bénirai, elle donnera naissance à des nations disait-il ;
des rois de peuples sortiront d’elle. [9]
Comment cela pouvait-il se faire à notre âge ?

Puis trois visiteurs se sont arrêtés chez nous, comme des anges.
Nos hôtes ont dit la même chose, voici que ta femme aura un fils[10]
Et comme moi tu as ri, et tu as osé dire
Je n’ai pas ri [11]

Isaac est né l’année suivante.
Tu ne supportais pas de voir Ismaël et Isaac ensemble.
J’ai renvoyé Hagar et son fils, dans le désert,
et le Seigneur a fait de lui une grande nation.[12]

Maintenant, je te pleure,
je te tiens comme au jour de ta grande beauté,
alors que tu es déjà ailleurs.

Toute notre vie, Sara, nous avons été des étrangers, des immigrés et des hôtes.
Tu vas reposer dans cette terre de Canaan.[13]
Je vais acheter une sépulture pour toi, pour moi.
je viendrai te rejoindre quand le Seigneur le voudra.[14]
Puis viendra notre fils Isaac.
Nous serons réunis ici à Hébron, en terre étrangère.

On dira de moi que je suis le père des croyants,
mais toi Saraï la stérile tu es devenue Sara, mère d’Isaac,
tu as donné naissance à des nations,
des rois de peuples sortiront de toi.[15]

                                   Puis il se releva et s’éloigna de la morte
pour parler aux fils de Heth.
« Je vis avec vous, dit-il, comme un émigré et un hôte.
Cédez-moi une propriété funéraire parmi vous
pour que j’ensevelisse la morte qui m’a quitté. »
[…]
Après quoi, Abraham ensevelit sa femme Sara
dans la caverne du champ de Makéda devant Mamré ;
C’est Hébron au pays de Canaan.[16]

                                                                               Marie Blawin


[1] Gn 23, 2   TOB 2011
[2] Gn, 11, 30
[3] Gn 12, 5
[4] Gn 12, 10
[5] Gn 12, 13
[6] Gn  20, 1-17
[7] Gn 16, 5
[8] Gn 17,15
[9] Gn 17,16-17
[10] Gn 18,10
[11] Gn 18, 15
[12] Gn 21,18
[13] Gn, 23, 1-19
[14] Gn 25, 11
[15] Gn 17,16
[16] Gn 23, 3-19

1 commentaire:

EDV a dit…

Quels itinéraires, celui de Sara et celui d'Abraham, et quelle vie de couple ! Cela me semble d'une étonnante modernité.
Merci ADB pour ce poème, très fidèle au texte biblique, qui met en valeur tant d'aspects de leur histoire. Nos migrations personnelles s'en trouvent éclairées et fortifiées.