31 août 2011

ANNONCIATION


Veille de l’Annonciation, le 24 mars

La nouvelle est tombée ce soir,
après le journal :

« demain le soleil se lèvera…
il se couchera…
ce sera l’ANNONCIATION ! »

Les informations se sont égrainées :
La famine en Afrique,
les émeutes dans les banlieues
les prochaines élections,
les rapports du tiercé…
et les otages ne sont toujours pas libérés.

Puis deux pages de publicité,
après les caprices de la météo,
une nouvelle vieille de deux mille ans,
une nouvelle fracassante au moment où le
téléspectateur déjà n’écoute plus :

« demain le soleil se lèvera…
il se couchera…
ce sera l’ANNONCIATION ! »

Mais le satellite n’a pas bougé,
personne n’a appelé
et tout a continué !

Demain, le soleil se lèvera et se couchera,
Sur le message de l’ange,
qu’une seule femme a entendu,
et le Messie est venu !

Alors, pourquoi ne pas faire que demain
Les pauvres soient rassasiés,
Les prisonniers libérés
Le pouvoir et les richesses partagés ?

« demain le soleil se lèvera…
il se couchera…
ce sera l’ANNONCIATION ! »

La suite du programme a commencé,
mais j’ai fermé la télé.

                                         Marie Blawin

                                         

LES DISCIPLES


Pâques
d’après l’Evangile de St Luc et de St Jean


Les DISCIPLES de la DERNIERE HEURE

-         il y a SIMON DE CYRENE,

celui qui vient d’ailleurs,
le seul qui ait fait le chemin de croix
en prêtant son cœur et ses bras,

-         il y a le BRIGAND

le seul qui dans son dernier malheur
fait le saut dans l’amitié de Jésus
et ravit à tout le monde
la première place au paradis,

-         il y a le CENTURION, le païen,

qui proclame un premier credo
dans toute sa vérité et sa nouveauté,

-         il y a JOSEPH d’ARIMATHIE

il surgit au dernier moment
pour porter Jésus au bout de son humanité,
dans un linceul, dans un tombeau.


Les DISCIPLES de la PREMIERE HEURE

-         il y a JEAN,

le disciple appelé au bord du lac,
le plus jeune,
le plus innocent peut-être,
celui qui a encore besoin d’une mère,

-         et puis, il y a LES AUTRES

-         il y a NICODEME,

il est venu au tout début, la nuit,
mais il a fait du chemin depuis.
Le voilà au grand jour,
pour accompagner Jésus dans sa nouvelle naissance,

-         il y a les FEMMES,

venues de Galilée
les seules à avoir vu l’emplacement du tombeau,
les dernières à partir
quand les lumières du sabbat éclairent déjà la nuit,
les premières à revenir le matin de Pâques
pour découvrir la lumière d’une aube nouvelle,

-         il y a MARIE,

elle en qui tout a commencé.
Elle ne dit rien
Elle est là, simplement, debout.


Les DISCIPLES de la NOUVELLE HEURE

-         avec THOMAS,

avec les disciples de la rencontre d’EMMAUS,
nouveaux croyants au regard transformé

-         DISCIPLES d’AUJOURD’HUI

qui prenez le risque de croire,
sans avoir vu,
sans avoir touché,
qui portez « le fruit et le travail des hommes »
et qui dites de cet HOMME JESUS
« c’est le SEIGNEUR »


                                                               Marie Blawin




25 août 2011

ABRAHAM PLEURANT SARA




Saraï, Sara

Texte inspiré par un tableau de Marc Chagall
"Abraham pleurant Sara"



Sara mourut dans le pays de Canaan,
à Qiryath-Arba, c’est-à-dire Hébron.
Abraham vint célébrer les funérailles de Sara et la pleurer[1]

Tu t’appelais Saraï...
Saraï était stérile, elle n’avait pas d’enfant[2].
C’est la première chose que l’on écrira de toi :
Mais tu étais la femme la plus belle du pays.

Je me souviens,
je cache mon visage et je pleure…

Notre longue marche dans le désert,
notre belle caravane, les oasis,
Nous quittions Our sans savoir où nous allions,
Il y a eu Harrân,
puis, le pays de Canaan,[3]
et enfin l’Egypte.[4]

Là, ta beauté m’a fait trembler.
J’ai eu peur, tu étais si belle.
Je me souviens de mes paroles :
Dis, je te prie, que tu es ma sœur.[5]
Et tu as accepté d’être prise pour la maison de Pharaon.
Nous avons été renvoyés dans le Néguev quand Pharaon a découvert la vérité.
Quelques années plus tard,
je t’ai encore fait passer pour ma soeur auprès d’Abimélek.
Ma prière a été exaucée et les femmes d’Abimélek ont été guéries de leur stérilité.[6]

Tu étais belle, mais stérile.
Alors tu m’as envoyé vers Hagar, ta servante.
Mais dès qu’elle fut enceinte, vous ne vous supportiez plus.
Tu me disais
Tu es responsable de l’injure qui m’est faite[7]
Tu avais raison,
mais Hagar m’a donné un fils, Ismaël,
qui me donnera une descendance.

Et Dieu nous a encore parlé, pour annoncer le temps de ta fécondité.
Il a changé nos noms : tu es devenue Sara et moi Abraham[8]
J’ai ri quand il m’a annoncé que tu enfanterais
Je la bénirai, elle donnera naissance à des nations disait-il ;
des rois de peuples sortiront d’elle. [9]
Comment cela pouvait-il se faire à notre âge ?

Puis trois visiteurs se sont arrêtés chez nous, comme des anges.
Nos hôtes ont dit la même chose, voici que ta femme aura un fils[10]
Et comme moi tu as ri, et tu as osé dire
Je n’ai pas ri [11]

Isaac est né l’année suivante.
Tu ne supportais pas de voir Ismaël et Isaac ensemble.
J’ai renvoyé Hagar et son fils, dans le désert,
et le Seigneur a fait de lui une grande nation.[12]

Maintenant, je te pleure,
je te tiens comme au jour de ta grande beauté,
alors que tu es déjà ailleurs.

Toute notre vie, Sara, nous avons été des étrangers, des immigrés et des hôtes.
Tu vas reposer dans cette terre de Canaan.[13]
Je vais acheter une sépulture pour toi, pour moi.
je viendrai te rejoindre quand le Seigneur le voudra.[14]
Puis viendra notre fils Isaac.
Nous serons réunis ici à Hébron, en terre étrangère.

On dira de moi que je suis le père des croyants,
mais toi Saraï la stérile tu es devenue Sara, mère d’Isaac,
tu as donné naissance à des nations,
des rois de peuples sortiront de toi.[15]

                                   Puis il se releva et s’éloigna de la morte
pour parler aux fils de Heth.
« Je vis avec vous, dit-il, comme un émigré et un hôte.
Cédez-moi une propriété funéraire parmi vous
pour que j’ensevelisse la morte qui m’a quitté. »
[…]
Après quoi, Abraham ensevelit sa femme Sara
dans la caverne du champ de Makéda devant Mamré ;
C’est Hébron au pays de Canaan.[16]

                                                                               Marie Blawin


[1] Gn 23, 2   TOB 2011
[2] Gn, 11, 30
[3] Gn 12, 5
[4] Gn 12, 10
[5] Gn 12, 13
[6] Gn  20, 1-17
[7] Gn 16, 5
[8] Gn 17,15
[9] Gn 17,16-17
[10] Gn 18,10
[11] Gn 18, 15
[12] Gn 21,18
[13] Gn, 23, 1-19
[14] Gn 25, 11
[15] Gn 17,16
[16] Gn 23, 3-19