27 nov. 2015


 

Les deux appels
 

Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre et André son frère, en train de jeter le filet dans la mer : c’était des pêcheurs. Il leur dit : « venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Laissant aussitôt leurs filets, ils le suivirent. Mt 4, 18-20


S’adressant à lui, Pierre lui dit : « si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » - « Viens », dit-il. Et Pierre, descendu de la barque, marcha sur les eaux et alla vers Jésus. Mt 14, 28-29

 

          L’appel sur la terre ferme,
          Sur la plage,
          La mer est calme
          A Pierre et à son frère « venez à ma suite » (Mt 4,19)
          Appel groupé,
          Pierre est derrière, il va suivre.

 
 
          Et puis, le deuxième
          Quelques mois, quelques années plus tard,
          L’appel personnel,  dans la tempête,
          A l’heure du doute,
          Sur l’eau
          « Viens » (Mt 14,29)
          Il y a du vent
          Une main est tendue en face de lui
          Il se laisse prendre par la main
          Pierre est en face.

24 août 2012

Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène qui venait de la campagne, et ils le chargèrent de la croix pour la porter derrière lui.
Evangile de Luc 23,26


UN CERTAIN SIMON 

Il passe dans l’Evangile sans bruit,
comme une comète,
en trois lignes.
Il est là pour donner le coup de main qu’il faut dans l’histoire du salut,
et après, on n’en parle plus !

UN CERTAIN SIMON…

Il était resté dans ses champs
Alors que la ville résonnait des cris de la foule : « à mort » !
Il s’en rentrait chez lui,
Pour prendre du repos après les gros travaux.
Mais il passait là au moment où se formait le cortège…

UN CERTAIN SIMON…

Il a porté tout seul cette croix
que les meilleurs amis du condamné
n’ont pas touchées du petit doigt,
cette croix dont on s’arracherait plus tard des échardes, des reliques.
Dans la chaleur accablante de la ville survoltée,
il ne savait pas que cette croix
deviendrait la nouvelle charpente de l’humanité.

UN CERTAIN SIMON…

Etait-il juif ? Etait-il païen ?
Peu importe.
Il passait par là…
Il était tout simplement un homme,
Un homme de Cyrène.

Il portait la croix,
sans savoir qu’elle le sauvait,
et qu’elle sauvait ceux qui le regardaient passer :
les enfants de Jérusalem, les enfants de Cyrène,
et toutes les générations
pendant des siècles, des siècles…
Il ne l’a pas fait pour le salut de son âme,
Ni pour le salut du monde,
Ni pour être un bon disciple,
Ni pour se montrer plus courageux que ceux qui ont fui par peur…


Il l’a fait ,
tout simplement parce que le condamné était trop affaibli,
trop épuisé pour porter lui-même sa croix,
Et que par hasard il passait par là.
Car le condamné devait arriver vivant au sommet du Golgotha.

Il avait été requis, certes !
Il y avait sûrement dans la foule des hommes aussi forts que lui.
Mais il valait mieux prendre un étranger !
Il n’a pas discuté
Et chargeant la croix sur ses larges épaules,
il a prêté ses forces, ses mains et son cœur.
Il a accepté le détour,
il se reposerait après !

UN CERTAIN SIMON…

Il marchait derrière le Nazaréen qui lui ouvrait le chemin,
à son rythme pour ne pas le presser.
Ainsi, sans le savoir,
il suivait  Jésus sur le chemin de la vérité et de la vie,

Il a porté la croix jusqu’au sommet du Golgotha,
et c’est là qu’il a pu croiser le regard de Jésus.
Oh, quel regard !
Et il est parti…





Vendredi Saint

7 déc. 2011

VIENT DE PARAÎTRE

François d'Assise      
Chemins et haltes dans Paris

Marie Blawin

Editions Publibook

ISBN 9782748370621 - 76 pages - 10 €     e-book 5 €

Parution novembre 2011

Disponible sur les sites  



L’idée de ce parcours à travers à Paris m’est venue à l’occasion d’un pèlerinage à Assise, organisé par les paroisses du 19ème arrondissement. Ne pouvant y aller, et connaissant déjà Assise, il m’est venu l’idée que l’on pouvait faire ce pèlerinage sans y aller !
Trois églises de cet arrondissement sont dédiées à des saints franciscains : Sainte-Claire, Saint-François d’Assise et Sainte-Colette. A l’autre bout de Paris, il y a la chapelle du  couvent des Franciscains avec ses magnifiques vitraux qui illustrent le Cantique des Créatures. J’ai donc imaginé un parcours allant de la Porte de Pantin à la Porte d’Orléans et passant pas divers lieux qui évoquent la vie de saint François ou des figures de la famille Franciscaine. Ces lieux permettent d’évoquer les grandes étapes de la vie de François : la conversion, la rencontre des pauvres, la fraternité, les stigmates, la mort…
J’ai beaucoup marché, exploré, photographié, tout en sélectionnant des passages significatifs des « sources franciscaines ». J’ai fait de longues haltes là où je propose au lecteur de s’arrêter.
Je remercie Isabelle qui a accepté de tester le parcours et qui est revenu de chaque étape avec des remarques, des suggestions…
Je remercie Eveline qui a largement contribué à la mise en forme numérique du texte et à sa relecture.
Je remercie Michel Coste qui a offert gracieusement la photo de sa sculpture qui se trouve à l’église Saint-François dans le 19ème arrondissement.

Certains regretteront l’absence de photos à l’intérieur du livre. Il y a deux motifs à ce choix :
-         Une question de coût : l’objectif était de ne pas dépasser le prix de vente de 10 euros.
-         L’absence de photo libère le champ de la recherche et de la découverte et laisse intact le choc ou l’émotion quand on a trouvé !

ASSEZ

       

En attendant Noël
                                               D’après une chanson de Claude Nougaro


Il serait temps que l’homme s’aime
depuis le temps qu’il sème son malheur,
il serait temps que l’homme s’aime,
il serait temps il serait l’heure…
Il serait temps que l’homme vive
avec un rêve d’enfant dans le cœur,
il serait l’heure d’ouvrir la main
et de ne plus remettre la paix à demain !

Assez ! Assez !
Crie le paysan, je n’ai plus de grains à semer…
Assez ! Assez !
Crie le père, je n’ai plus de travail…
Assez ! Assez !
Crie l’otage, je ne distingue plus le jour de la nuit…
Assez ! Assez !
Crie le prisonnier,
on ne peut ligoter la pensée dans des barbelés
Assez ! Assez !
Pleure la petite fille
seule dans les cendres de sa maison brûlée !
Laissez-nous grandir disent les jeunes,
laissez-nous un monde à cultiver !

Il serait temps que l’homme s’aime,
il serait temps d’arrêter…
Il serait temps que l’homme s’aime,
pour façonner la terre avec l’amour du potier,
Il serait temps, il serait l’heure,
que la paix soit plus juste que la guerre !

Assez ! Assez !
Dit la rose piétinée
Assez ! Assez !
Dit l’arbre asphyxié
Assez ! Assez !
Dit la source polluée
Assez ! Assez !
Dit la terre irradiée
Assez ! Assez !
Dit le goéland mazouté !


Il serait temps que l’homme s’aime,
il serait temps, il serait l’heure…
Assez de cris,
assez de larmes !

Regarde dit l’aveugle qui recouvre la vue !
Ecoute dit le sourd libéré !
Touche, dit le lépreux purifié !
Danse, dit le paralysé redressé !
Pardonne, dit l’enfant retrouvé !

Il serait temps que l’homme s’aime,
il serait temps, il serait l’heure !
Il serait temps de baisser les armes,
pour prendre en main des outils neufs !
Il serait temps que l’homme s’aime,
il serait l’heure de se réveiller
et de marcher avec les bergers !

« PAIX SUR LA TERRE
AUX HOMMES QUE DIEU AIME ! »

C’est bien ce qu’ils ont entendu chanter,
En allant à la rencontre d’un NOUVEAU-NE !


Marie Blawin



8 sept. 2011

LES ALOUETTES DE SAINT FRANÇOIS


                                                                             Pour un ami qui va mourir


Les alouettes, oiseaux qui sont amis de la lumière et ont en horreur les ténèbres du crépuscule, à l‘heure du trépas du saint homme, comme c’était déjà le crépuscule de la nuit qui allait suivre, vinrent en grande multitude au-dessus du toit de la maison et, tournoyant longtemps avec une jubilation insolite, elles rendaient un témoignage aussi joyeux qu’évident à la gloire du saint qui avait eu coutume de les inviter à la louange divine.
Bonaventure, Légende majeure, 14,6


Alouettes,
Alouettes du matin,
vous avez été les premières
à vous réjouir du OUI de François
au lever du jour, à Saint-Damien !

Vous avez chanté à Claire des airs de liberté
Qu’elle a dansés sous les oliviers !

Et dans une fanfare angélique,
vous avez mis en musique
les premiers balbutiements de la naissance
de ces deux jeunes rameaux d’espérance.

Alouettes du matin,
toujours pressées à louer le Seigneur,
vous réveillez ceux qui de Dieu sont les chercheurs.
Vous étiez déjà haut dans le ciel
quand encore tout engourdi,
j’ai dit mon premier OUI.

Alouettes,
alouettes de midi,
vous sonnez l’angélus sur la plaine d’Ombrie
pour dire à tout homme,
dans sa joie et dans sa peine,
qu’il trouve en Jésus, un frère, un ami.

Alouettes de midi,
vous connaissez les fleurs et les rocailles
du chemin des hommes.
Vous avez été de fidèles compagnes
sur les chemins de François en campagne,
sur les chemins de plaine qui mènent
aux lépreux, au pape, au Sultan,
aux premiers frères,
sur les chemins de montagne qui mènent
au Seigneur,
aux Carceri ou à l’Averne.

Alouettes de midi,
quand je lève la tête,
vous me dites de regarder aussi la terre,
il y a encore tant de chemin à faire.
Et vous me faites redire,
et vous m’apprenez à chanter OUI.

Alouettes,
alouettes du soir,
vous êtes le carillon de la Portioncule.
Vous annoncez chaque jour le coucher du soleil,
avant de regagner la terre
et de vous taire.

Alouettes, chantez,
chantez encore je vous prie,
car j’ai peur de la nuit.

Vous louez le Seigneur du matin au soir !
Alouettes,
pourquoi ce silence du soir au matin ?
Vous vous êtes attardées
au bord d’un champ de blé
quand François s’est retourné une dernière fois
pour bénir Assise dans la lumière rouge du soir.

Alouettes,
tout le jour vous m’avez ravi,
dormez tranquilles maintenant,
alouettes de la nuit…

Ce soir,
comme la première fois,
je vais murmurer et chanter OUI.
Car déjà dans le ciel noir
et sur la terre sans bruit,
je vois le soleil nouveau qui luit
et un vol d’alouettes qui sur l’aurore écrit :
« LA VIE N’EST PAS FINIE ! »


Marie Blawin

31 août 2011

ANNONCIATION


Veille de l’Annonciation, le 24 mars

La nouvelle est tombée ce soir,
après le journal :

« demain le soleil se lèvera…
il se couchera…
ce sera l’ANNONCIATION ! »

Les informations se sont égrainées :
La famine en Afrique,
les émeutes dans les banlieues
les prochaines élections,
les rapports du tiercé…
et les otages ne sont toujours pas libérés.

Puis deux pages de publicité,
après les caprices de la météo,
une nouvelle vieille de deux mille ans,
une nouvelle fracassante au moment où le
téléspectateur déjà n’écoute plus :

« demain le soleil se lèvera…
il se couchera…
ce sera l’ANNONCIATION ! »

Mais le satellite n’a pas bougé,
personne n’a appelé
et tout a continué !

Demain, le soleil se lèvera et se couchera,
Sur le message de l’ange,
qu’une seule femme a entendu,
et le Messie est venu !

Alors, pourquoi ne pas faire que demain
Les pauvres soient rassasiés,
Les prisonniers libérés
Le pouvoir et les richesses partagés ?

« demain le soleil se lèvera…
il se couchera…
ce sera l’ANNONCIATION ! »

La suite du programme a commencé,
mais j’ai fermé la télé.

                                         Marie Blawin

                                         

LES DISCIPLES


Pâques
d’après l’Evangile de St Luc et de St Jean


Les DISCIPLES de la DERNIERE HEURE

-         il y a SIMON DE CYRENE,

celui qui vient d’ailleurs,
le seul qui ait fait le chemin de croix
en prêtant son cœur et ses bras,

-         il y a le BRIGAND

le seul qui dans son dernier malheur
fait le saut dans l’amitié de Jésus
et ravit à tout le monde
la première place au paradis,

-         il y a le CENTURION, le païen,

qui proclame un premier credo
dans toute sa vérité et sa nouveauté,

-         il y a JOSEPH d’ARIMATHIE

il surgit au dernier moment
pour porter Jésus au bout de son humanité,
dans un linceul, dans un tombeau.


Les DISCIPLES de la PREMIERE HEURE

-         il y a JEAN,

le disciple appelé au bord du lac,
le plus jeune,
le plus innocent peut-être,
celui qui a encore besoin d’une mère,

-         et puis, il y a LES AUTRES

-         il y a NICODEME,

il est venu au tout début, la nuit,
mais il a fait du chemin depuis.
Le voilà au grand jour,
pour accompagner Jésus dans sa nouvelle naissance,

-         il y a les FEMMES,

venues de Galilée
les seules à avoir vu l’emplacement du tombeau,
les dernières à partir
quand les lumières du sabbat éclairent déjà la nuit,
les premières à revenir le matin de Pâques
pour découvrir la lumière d’une aube nouvelle,

-         il y a MARIE,

elle en qui tout a commencé.
Elle ne dit rien
Elle est là, simplement, debout.


Les DISCIPLES de la NOUVELLE HEURE

-         avec THOMAS,

avec les disciples de la rencontre d’EMMAUS,
nouveaux croyants au regard transformé

-         DISCIPLES d’AUJOURD’HUI

qui prenez le risque de croire,
sans avoir vu,
sans avoir touché,
qui portez « le fruit et le travail des hommes »
et qui dites de cet HOMME JESUS
« c’est le SEIGNEUR »


                                                               Marie Blawin




25 août 2011

ABRAHAM PLEURANT SARA




Saraï, Sara

Texte inspiré par un tableau de Marc Chagall
"Abraham pleurant Sara"



Sara mourut dans le pays de Canaan,
à Qiryath-Arba, c’est-à-dire Hébron.
Abraham vint célébrer les funérailles de Sara et la pleurer[1]

Tu t’appelais Saraï...
Saraï était stérile, elle n’avait pas d’enfant[2].
C’est la première chose que l’on écrira de toi :
Mais tu étais la femme la plus belle du pays.

Je me souviens,
je cache mon visage et je pleure…

Notre longue marche dans le désert,
notre belle caravane, les oasis,
Nous quittions Our sans savoir où nous allions,
Il y a eu Harrân,
puis, le pays de Canaan,[3]
et enfin l’Egypte.[4]

Là, ta beauté m’a fait trembler.
J’ai eu peur, tu étais si belle.
Je me souviens de mes paroles :
Dis, je te prie, que tu es ma sœur.[5]
Et tu as accepté d’être prise pour la maison de Pharaon.
Nous avons été renvoyés dans le Néguev quand Pharaon a découvert la vérité.
Quelques années plus tard,
je t’ai encore fait passer pour ma soeur auprès d’Abimélek.
Ma prière a été exaucée et les femmes d’Abimélek ont été guéries de leur stérilité.[6]

Tu étais belle, mais stérile.
Alors tu m’as envoyé vers Hagar, ta servante.
Mais dès qu’elle fut enceinte, vous ne vous supportiez plus.
Tu me disais
Tu es responsable de l’injure qui m’est faite[7]
Tu avais raison,
mais Hagar m’a donné un fils, Ismaël,
qui me donnera une descendance.

Et Dieu nous a encore parlé, pour annoncer le temps de ta fécondité.
Il a changé nos noms : tu es devenue Sara et moi Abraham[8]
J’ai ri quand il m’a annoncé que tu enfanterais
Je la bénirai, elle donnera naissance à des nations disait-il ;
des rois de peuples sortiront d’elle. [9]
Comment cela pouvait-il se faire à notre âge ?

Puis trois visiteurs se sont arrêtés chez nous, comme des anges.
Nos hôtes ont dit la même chose, voici que ta femme aura un fils[10]
Et comme moi tu as ri, et tu as osé dire
Je n’ai pas ri [11]

Isaac est né l’année suivante.
Tu ne supportais pas de voir Ismaël et Isaac ensemble.
J’ai renvoyé Hagar et son fils, dans le désert,
et le Seigneur a fait de lui une grande nation.[12]

Maintenant, je te pleure,
je te tiens comme au jour de ta grande beauté,
alors que tu es déjà ailleurs.

Toute notre vie, Sara, nous avons été des étrangers, des immigrés et des hôtes.
Tu vas reposer dans cette terre de Canaan.[13]
Je vais acheter une sépulture pour toi, pour moi.
je viendrai te rejoindre quand le Seigneur le voudra.[14]
Puis viendra notre fils Isaac.
Nous serons réunis ici à Hébron, en terre étrangère.

On dira de moi que je suis le père des croyants,
mais toi Saraï la stérile tu es devenue Sara, mère d’Isaac,
tu as donné naissance à des nations,
des rois de peuples sortiront de toi.[15]

                                   Puis il se releva et s’éloigna de la morte
pour parler aux fils de Heth.
« Je vis avec vous, dit-il, comme un émigré et un hôte.
Cédez-moi une propriété funéraire parmi vous
pour que j’ensevelisse la morte qui m’a quitté. »
[…]
Après quoi, Abraham ensevelit sa femme Sara
dans la caverne du champ de Makéda devant Mamré ;
C’est Hébron au pays de Canaan.[16]

                                                                               Marie Blawin


[1] Gn 23, 2   TOB 2011
[2] Gn, 11, 30
[3] Gn 12, 5
[4] Gn 12, 10
[5] Gn 12, 13
[6] Gn  20, 1-17
[7] Gn 16, 5
[8] Gn 17,15
[9] Gn 17,16-17
[10] Gn 18,10
[11] Gn 18, 15
[12] Gn 21,18
[13] Gn, 23, 1-19
[14] Gn 25, 11
[15] Gn 17,16
[16] Gn 23, 3-19